La Coupe du Monde de rugby a, dit-on, suscité un engouement aussi énorme qu'inattendu auprès du public qui ne s'intéressait que de très loin, voire pas du tout à ce jeu.
Je ne suis pas certain qu'il faille, si on aime vraiment le rugby, s'en réjouir. D'abord parce que le spectacle (eh oui, désormais, tout est , ou doit être spectacle...) donné n'a guère fait de publicité vu la frilosité de la majorité des équipes, ensuite parce que, dans une très grande proportion, ces nouveaux convertis perdront leur enthousiasme sitôt l'effet médiatique retombé. Et il ne faut pas le regretter tant ce subit intérêt pourrait accélérer la disparition des spécificités qui en constituaient le sel.
Par chance, la planète des toros, qui présente par ailleurs bien d'autres travers, est à l'abri d'une telle exposition et des bilans chiffrés (qui s'intéresse vraiment à l'"escalafon" ?). Il fut un temps où il était à la mode de se montrer aux barreras nîmoises. Mais ces passades ne résistent guère à deux ou trois "fracasos". Les aficionados regardent ces vanités avec un sourire. Il nous suffit d'attendre nos rendez-vous annuels : Valence, Séville, Madrid, Pampelune, Bilbao, Logroño, Vic, Mont-de-Marsan, Dax, Bayonne et tous les autres comme autant d'étapes rituelles qui rythment notre temporada , aussi perpétuelle que renouvelée et qui nous conforte dans l'idée que, décidément, nous possédons, et c'est une rare qualité, le recul des anciens et la fraîcheur d'âme des enfants.