Dimanche 18 juin 2006. Arènes d' Aire-sur-Adour. Temps nuageux et lourd devenant agréable sur la fin. Callejon rempli à ras-bord, gradins aux 3/5ème environ .Vu depuis le rang deux des tendidos sol, 30€ .
Corrida-Concours de Ganaderias
Six toros de GALACHE , COBALEDA, YONNET, GALLON, BLOHORN et CLEMARES.
Le prix du meillleur toro a été décerné au Gallon. Le picador ayant piqué ce même toro a reçu le prix ( pour un puyazo comme indiqué dans le papier de présentation ou pour un picotazo comme réalisé..?)
Pour :
Luis VILCHES ( Oreille et Vuelta)
Alejandro AMAYA ( Salut au tiers et Silence)
Julien LESCARRET ( Silence et Applaudissements)
Le banderillero "Chano" a salué pour les deux paires posées face au toro de Yonnet et les deux banderilleros de Luis Vilches en ont fait de même pour leur prestation face au toro de Gallon.
Etonnante conception aturine de la corrida-concours où l'on change le tiers de piques si le torero le demande ! Quant au choix de primer le toro de GALLON, il apparaît discutable .
Ces critiques faites, il faut reconnaître que nous avons passé une bonne après-midi de bout en bout du fait de toros intéressants, hormis le BLOHORN, et grâce à des toreros décidés à plaire même s'ils n'y parvinrent pas toujours. Détachons la prestation de Luis VILCHES, décidé et inspiré qui aurait coupé trois oreilles s'il avait eu plus de chance à l'épée .
LES TOROS :
Le GALACHE : Joli toro blanc et noir, bien armé. Suit bien la cape après avoir douté au départ, grattant le sol. Prend deux piques : une première brêve dont il sort facilement ; long à s'élancer pour la seconde qu'il pousse correctement. Fléchit deux fois. Moyen au banderilles : il ne répond pas spontanément et ne poursuit pas les banderilleros. Beaucoup de noblesse des deux cotés dans la faena , baissant la tête et suivant le mufle contre le sable malgré sa faiblesse qu'il surmontera avec caste, gardant cette qualité de charge jusqu'au bout. Avec du "moteur" , ce toro aurait permis une grande faena.
Le COBALEDA : Vilain toro noir sans trapio, peu armé, indigne de présentation pour une concours. Charge sans classe dans la cape et fléchissant des pattes avant. La cuadrilla, maladroite, le laisse partir seul sur le cheval . Deux piques prises sans style , en faisant sonner les étriers. Répond aux cites des banderilleros mais se plaint des "palos" . A la muleta ,début allégre où il se plante la tête dans le sol à la premiére série , de la noblesse ensuite mais une charge peu encastée et vite réduite par la faiblesse .
Le YONNET : Du trapio et des cornes pour ce toro de respect. S'engage bien dans la cape , en se retournant vite. Une première pique en poussant fort ; il s'élance de loin spontanément pour la seconde, très mal donnée. Impossible de le juger davantage, le Président changeant le tiers de manière incompréhensible. Toro mobile et agressif aux banderilles, il permet au "Chano" de briller. A la muleta, un comportement de toro très encasté exigeant et difficile pour le torero, passionnant pour l'aficionado.
Le GALLON : Petit et rond, armures indigentes, surtout à gauche. Charge vive et longue à la cape. Le tercio de pique a abusé public et...présidence semble-t-il. En effet, ce toro part de loin pour un picotazo (VILCHES ayant donné des consignes à son picador pour préserver le "jus" de son toro) puis une deuxième pique aussi légère, prise avec style cependant. Et, après ces deux rencontres "ligths", une troisiéme avec le regaton. Bon, il y a trois contacts, d'accord, trois piques, non ! A la muleta, comportement curieux du toro, alternatif , avec des séquences où il charge avec beaucoup d'allant, puis des périodes où il parait douter et se réserver. Au bilan cependant , de la noblesse et de la caste .
Le BLOHORN : long , ensellé et efflanqué, bien armé. Des tendances fuyardes à la sortie, puis une charge courte dans la cape. Deux piques en faisant sonner les étriers et en cherchant la tête du cheval. Rend le tercio de banderilles fort difficile en ne répondant pas aux cites. A la muleta, se refuse à passer, envoyant des coups de tête. Manso inbuvable .
Le CLEMARES : plutôt acochinado d'aspect, armé discrètement. Charge dans la cape en jettant les pattes. Première pique prise en poussant longuement et fortement. Il est long à s'élancer pour la seconde mais il s'emploie au cheval ensuite. Coupe le terrain aux banderilleros. A la muleta, un combat de toro encasté et violent, pouvant être torée mais pas dans la facilité .
LES TOREROS:
Luis VILCHES a laissé une grande impression aux profanes comme aux aficionados avertis . Toréant avec sérénité, application , relâchement , accompagnant ses deux productions de détails très toreros , il a su profiter de deux toros propices au succès. Des séries de derechazos et de naturelles, longues, lentes, conduites et templées, un rythme adapté à ses adversaires, une estocade foudroyante face au premier , il ne manquait qu'une épée simplement correcte face au quatrième pour un triomphe d'importance. Las, quatre entrées, un avis avant une épée entière, adieu la sortie "a hombros" ...Restaient des images fortes d'un torero qui monte.
Alejandro AMAYA, inédit pour la plaza et pour la majorité de l'aficion, a fait preuve d'une allure très torera devant le deuxième toro, avec une impression d'inachevé du fait du potentiel limité de l'adversaire. Doit se résoudre à abréger face au triste Blohorn. Tua vite et bien les deux fois.
Julien LESCARRET, décidé mais un peu brouillon à la cape face au Yonnet, ce toro face auquel il parut douter avant de découvrir en fin de faena qu'en se croisant plus, le toro se livrait vraiment. Un désastre à l'épée : neuf pinchazos, deux avis, un descabello.
Encore de la volonté face au Clemares toréable mais fort encasté . Une impression de décousu dans une faena comportant de bon moments mais inégale. Conclusion moins laborieuse mais pas décisive : deux pinchazos, une entière et le toro se couche quand sonne l'avis.