Le terrible accident survenu hier à Carcassonne à ce malheureux alguazil fait partie hélas des risques inhérents à tout spectacle taurin. Puisse en prendre conscience l’importante colonie de ceux qui occupent le callejon de manière totalement superflue.

Il me semble que ce drame suscite une autre interrogation qui m’est venue en regardant les photos de cette arène. Ce type de placita portative présente-t-il des garanties suffisantes de sécurité. Au vu des clichés, le couloir me semble fort étroit, ce qui, à la lecture du récit de cette double cornada, a pu jouer un rôle, ne permettant pas une évacuation rapide et sécurisée du blessé.

On objectera que cela peut survenir partout et j’ai effectivement vu un mozo de espada se faire embrocher la cheville dans le couloir de Las Ventas. Pour autant, sauf à apprendre d’autres informations contredisant cette impression, ce type de construction ne me paraît pas très sécurisante.

Mon choix initial pour cette Madeleine revisitée portait sur les corridas de LA QUINTA et de FUENTE YMBRO. Pour d’autres raisons, j’ai rajouté à mon programme celle des SAMUEL FLORES. Je n’avais jamais pensé me rendre à celle de ZALDUENDO, ce qui m’a évité semble-t-il suffocation physique et détresse morale.

J’ai assisté hier soir à la tertulia donnée à la Peña El Juli qui comporta quelques bons moments comme lorsque le Président du Cercle Taurin montois, questionné sur la présentation des toros du jour, indiqua qu’ils ne leur avaient été montrés au préalable, que sur « …des petites photos… » !

S’ensuivit une grande tirade indignée du PAB sur le caractère imprésentable de la corrida, mise sur le dos des toreros (le JULI en l’occurrence) dans ce scandale  ganadero. Bien. Très bien. Imaginons à présent que ces vilains toritos aient embisté. Imaginons que les toreros aient su en profiter pour couper trois ou quatre oreilles, ce qui, compte-tenu de l’aimable public de la Madeleine 2010, n’avait rien d’impensable.

J’ai tendance à penser, au vu d’expériences précédentes, que la tonalité des commentaires eut été bien différente et que le succès des toreros auraient  tempéré l’indignation devant le manque de volume, de forces, et de caste des toros. Gardons ces propos en mémoire pour l'avenir.

Je m’étonne auss ique le même PAB, si indigné lors de la tertulia évoquée plus haut, n’ait pas jugé utile de demander lors de l’interwiew à Marie SARA diffusée ce mercredi sur RFBG, ce qu’elle pensait de la présentation de cette corrida de ZALDUENDO. L’entendre déplorer que le comportement des toros n’aient pas répondu à ses espérances ne constitue pas vraiment une information.

Je n'ai aucune compétence journalistique, cependant,l’interroger pour savoir si quelqu’un de l’organisation et si elle-même avait vu ce lot avant de l’embarquer et si, l' ayant vu, il lui semblait digne de l’arène, eut semblé plus pertinent…

J'ai parcouru quelques réactions sur le forum du site de la "Cuatro" suite à la diffusion des images de la cornada mortelle reçue par Daniel Jimeno Moreno lors de l'encierro du 10 juillet .

Certains y fustigeaient bien sûr l'existence des encierros, et s'indignaient , se demandant quand l' "....Espagne se déciderait à sortir du Moyen Age..?"  On pourrait gloser sur cette propension actuelle de nos sociétés à perdre toute faculté de raison pour se laisser emporter par l'émotion née de cette civilisation de l'image ommiprésente et des commentaires sans recul ni analyse de la part des médias, mais il s'agit d'un autre débat.

Ce jugement sur la société espagnole me semble bien plus important .A titre personnel, je la considére bien moins pusillanime, plus lucide que beaucoup d'autres. Justement parce qu'elle accepte que des citoyens adultes et responsables vivent leur vie et la risquent, en toute connaissance de cause, pour une forme de passion aussi honorable et respectable qu'un alpiniste, un coureur automobile ou un navigateur.

Il s'agit d'une société, au contraire de la nôtre et de bien d'autres aussi frileuses, qui ne met pas l'idée d'une existence sans le moindre risque comme le but à atteindre, du principe de précaution comme la régle absolue, qui n'érige pas la sécurité comme condition sine-qua-non du bonheur. 

Cette société accepte de regarder la mort quand tant d'autres la cachent par peur de prendre conscience de la pourtant si évidente précarité de leur existence.

Une "société du Moyen-âge"? Songeons-y lorsque nous admirons les cathédrales...

C’est tout ce qu’il me reste pour traiter des cartels 2009 de la Madeleine. Tout a été dit ou presque. Je regrette de m’être fait devancer par CyR pour la réflexion de Guillaume François (que l’on sent un peu emprunté  face à la « pareja » organisatrice).

En effet, passés les poncifs «  …c’est bien de sortir les cartels avant les autres… » et autres phrases convenues dans ce genre de circonstances : « …Mont-de-Marsan sera plaza de toros, de figuras et de gestes… ». Bien entendu, qui pouvait en douter.

Donc, cinq ganaderias « phares ». Ah bon, Victoriano del Rio, Zalduendo, Samuel Flores sont devenus incontournables cinquante kilomètres à l’est de la cité de tous les bonheurs ? Et tous les triomphateurs 2008. Au Moun, on se souvient encore des sorties de Castella et Ponce l’an dernier…

Passe sur le service obligé. Mais il n’est point obligé d’en rajouter. « …Tout le monde rêve d’indulto… ». Je l’ignorais. Ou tout du moins, je ne partage pas cette opinion et je ne me rends pas aux arènes pour une telle issue, du moins aussi galvaudée, à mon sens, que celle survenue l’année dernière chez nos voisins.

Et, même si j’espère me tromper, c’est cette sorte de volonté de nirvana programmée que je crains de la part des activistes  à présent en charge des affaires taurines montoises. Cette programmation où l’on sent, quoiqu’on en dise une inflexion « torerista » peut donner lieu à une exaltation qui ne nous permettra plus de donner libre cours à notre passe-temps favori, à savoir se moquer gentiment de nos amis dacquois.

Pour moi, mon choix est fait : je serais au Plumaçon pour les sorties des La Quinta et Fuente Ymbro. L’an dernier, j’avais assisté à trois corridas. Merci à Marie et Simon, en ces temps difficiles, de me faire réaliser des économies.

On remarquera Marie Sara, superbe dans sa chemise (de soie ?) rouge et notre Simon national dûment encravaté. On écoutera le discours (convenu) sur l’«identité» montoise bien mise à mal ces dernières années et que, personne n’en doute, va désormais être réhabilitée.

Que retenir de cet étalage de catalogue de paroles lénifiantes et déclarations de bonne volonté affichées ? Pas grand-chose à mon sens. Notons la ristourne de 5% sur l’«abono» (il faudra bien cela pour enrayer la désaffection des derniers fidèles). Un abonnement pour le week-end «torista» (il faut sauver le soldat Dimanche). Félicitons l’idée d’une novillada piquée pour nos toreros landais (si nous ne les soutenons pas nous, qui le fera ?). Applaudissons à la volonté de conserver une « sans-chevaux. »

Après ? Attendons pour voir si les beaux et creux discours de cette conférence de presse seront suivis d’effets. Car pour l’heure, la forme l’emporte très largement sur le fond. La seule information, inquiétante, résidant dans l’évocation d’une couverture des arènes. Quand on connaît la superbe ambiance de chaudes couleurs du Plumaçon (tous les photographes vous la vanteront !) on imagine mal de se retrouver dans une ambiance mortuaire du genre d’Illumbe .