Des éditos et des compte-rendus libres et indépendants sur les spectacles taurins du sud-ouest.
Orthez. Arènes du Pesqué. 27 juillet 2014. 18 heures
6 toros de LOURO FERNANDES DE CASTRO (Portugal)
Pour :
JOSELILLO (Silence et Sifflets)
M.J PEREZ MOTA (Silence et Silence)
Imanol SANCHEZ (Silence et Vuelta)
(Prix pour la meilleure pique attribué à Pepe AGUADO pour sa prestation face au sixième toro et prix pour le meilleur geste taurin attribué à la cuadrilla de PEREZ MOTA pour sa lidia du cinquième toro)
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Longue, très longue (2.40h) soirée d’ennui par la faute d’un lot de toros décasté ne permettant rien ou presque aux toreros. Le parti pris de l’exotisme dans le choix des élevages a ses limites. Sans s’assurer de certaines garanties sur la qualité des ganaderias retenues, on s’expose à infliger au public (nombreux et bien patient hier !) de pénibles aprés-midi comme celle de ce 27 juillet.
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En termes de présentation, ce lot donnait satisfaction. Les trois premiers m’ont paru plutôt réduits par rapport aux poids annoncés (520 kgs pour le premier comparés au 515 kgs des sérieux cinquième et sixième ?!) ; question armures, finesse et largeur étaient au rendez-vous. Les pointes du cinquième (le seul à remater contre les planches) éclatèrent rapidement.
Au moral, un désastre ! Assez mobiles à la cape, de bravoure variable au cheval (le premier peu piqué se tient collé parallèle au cheval à la seconde rencontre ; le deuxième pousse par à-coups ; le troisième pousse avec la tête puis tente de crocheter la patte avant droite et contourne le cheval par l’avant à la seconde rencontre ; le quatrième pousse de manière spectaculaire en trois rencontres mais sort seul des deux premières ; le cinquième pousse avec fixité à la première pique puis sort seul rapidement des deux suivantes ; le sixième prend la première avec style puis balance des coups de tête vers le haut lors des deux autres.
Aux banderilles, comportements disparates aussi : bien les 2ème, 5ème, peu coopératifs les autres avec la constante de poursuivre les banderilleros jusqu’aux barrières.
A la muleta, un cruel déficit de caste les faisant soit retarder leurs charges, ne pas les enchainer, défiler tête haute, rechercher les barrières, certains cumulant ces tares.
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JOSELILLO anodin à la cape face au premier, débute bien par le bas genou plié puis la faena devient bien superficielle avec en plus des replacements du torero entre chaque passe. A gauche, un peu plus de sitio mais le toro ne répète pas ses charges. Un pinchazo et une entière dont il sort bousculé.
Un désarmé à la cape face au quatrième puis quelques passes isolées dont le toro s’échappe pour revenir dans sa querencia près des barrières. Le torero prend l’épée et ne la lâche qu’après…un mete y saca, cinq pinchazos, un quart d’épée et un descabello. Prestation désabusée.
De PEREZ MOTA, on retiendra son toreo de cape très alluré avec mains basses face à ses deux adversaires. Ce fut à peu près tout. Face au deuxième, il s’efforce d’allonger la charge et y parvient parfois mais cette faenita de passe par passe ne présente aucun intérêt. Il conclue de manière très efficace d’une épée desprendida.
Au cinquième, face auquel ses banderilleros seront appelés à saluer, le torero doit surtout s’efforcer de ne pas se faire accrocher la muleta par ce toro qui défile à mi-hauteur. Le matador finit, comme nous, par en avoir marre. Conclusion par pechos en ligne droite et manoletinas superflus. Une demi-épée méritoire, deux-tiers d’épée, deux descabellos.
Imanol SANCHEZ a l’aspect des toreros peints par Goya, très peu de technique et aucune élégance. Reste une vaillance qui lui servit face au troisième pour poser des banderilles (médiocrement) face à un toro qui ne répondait pas aux cites. Très peu de sitio et des demie-passes en citant de très près. Une épée en forme de broche suivie d’une entière couchée.
Il débute dans le style bagarreur à la cape face à un adversaire violent qui ne passe pas. Aux palos, le matador demeure dans l’approximatif. Quelques passes à droite et rien à gauche après une tentative avortée sur ce coté. Une estocade entière contraire qui suffit. Le coté brusque du toro ayant quelque peu tiré le public de sa léthargie, le torero fut appelé à saluer et sa cuadrilla le poussa à transformer ce salut en une vuelta que le très bienveillant public orthèzien ne lui contesta pas.
Temps nuageux, chaud et lourd. Trois-quarts d’arène.
P.S : A noter la très originale conception des billets en terre béarnaise : la file est nommée tendido ! On imagine la confusion du public. Et si l'on ajoute que les rares placeurs ne paraissent guère au fait de ces subtilités…
Vu du « tendido » 3, ombre, 48 €.