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Articles RÉCents

10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 22:42
 
 
 
 
Fidèle à la ligne de conduite que je me fixe, à savoir ne rien lire ou écouter avant d’avoir écrit ma propre reseña, j’ignore ce que vous avez pu apprendre hier sur le triomphe d’Enrique PONCE. Pour autant, je devine l’enthousiasme, l’emphase, le lyrisme, l’hyperbole des commentateurs.
Pour éviter tout malentendu, précisons tout de suite : j’ai trouvé le torero excellent, reposé dans son toreo, moins froid et raide qu’auparavant, avec des détails superbes et la « chispa » qui lui a longtemps fait défaut. Le tout sans perdre une technique propre (et ses « ficelles » connues) qui lui permet de tirer la quintessence de ses adversaires.
 
Cet hommage, sincère, étant rendu, je me sens autorisé à faire quelques remarques plus générales sur ce type de corrida qui divise l’aficion. D’un coté, les gardiens du temple qui se gaussent de ces triomphes acquis devant des toros si doux, si collaborateurs, quasiment inoffensifs dans les mains expertes de vedettes exigeant des fers aussi aimables. Ils ajoutent que ces spectacles annoncent le dévoiement de la Fiesta Brava par la transformation d’un combat entre un animal sauvage et un homme en un aimable ballet expurgé de quasiment tout risque pour le matador. De l’autre coté, on raille ces tenants de combats d’un autre âge, ces obscurantistes n’aimant que l’aspect rude et primitif de la tauromachie, ces handicapés de la sensibilité artistique, ces ayatollahs du premier tiers, ces primaires passéistes en somme.
 
Je crains que le fossé entre ces deux franges ne s’approfondisse. Je crains aussi, et c’est plus grave que la proportion des premiers ne diminue beaucoup par rapport au camp des seconds. Car si les premiers sont souvent excessifs, les seconds oublient trop souvent de prendre en compte la mièvrerie de l’opposition. Si les uns sont trop réducteurs, les autres négligent la vérité essentielle de la fête sauvage.
 
On a besoin du beau et du vrai. Sans donner totalement raison à un camp contre l’autre, gardons toujours en mémoire que la véritable beauté reste indissociable de la vérité.
 
 
_________________________
 
 
 
Temps idéal avec légère brise bienvenue. Quelques rares places inoccupées aux rangs supérieurs du soleil. Vu du 9ème rang des tendidos ombre (70 € …mais la novillada était comprise).
 
Au paséo, sifflets contre l' alguazil "usurpateur" en nette régression en provenance du secteur où se situe la Peña Campo Charro. D’autant plus que, surtout dans notre coin ombre légitimiste, la réaction s’organise avec force applaudissents.
 
L’ovation est unanime pour faire sortir César RINCON du callejon, d’autant plus qu’une annonce au micro pallie à un éventuel manque de spontanéité du public. Remise d’un objet d’art au colombien, applaudissements nourris et, comme c’est l’usage, appel des compañeros pour partager les bravos. Après ces civilités coutumières, on passe aux choses sérieuses. Un toro fin et joli, bien armé sort pour l’impétrant. Véroniques sèches malgré la charge sans problème du VICTORIANO qui prend une pique en poussant bien avec les reins. Après deux paires de palos, et sans raison valable, on change le tiers. Place à la cérémonie de l’alternative et brindis du fils au père.
On commence par des séries qu’on pense être de préchauffage mais, malgré la collaboration gentillette, un peu fade toutefois du toro, la suite ne sera pas de nature à faire monter en pression des tendidos dacquois pourtant facilement inflammables. Deux pinchazos éteignent tout risque potentiel d’incendie. Une demi-épée dans le cou ne paraît gêner personne, on est civil ici. Et pour le prouver, malgré une prestation si médiocre et une conclusion si vilaine, on fait saluer au tiers TERUEL fils !
 
Le vétéran reprend la main. Toro presque identique au précédent au physique mais qui ne permet presque rien à la cape. Un picotazo symbolique mais au quite, César trouve beaucoup de défauts au toro. Alors que le Président a fait sonner les clarines, le matador ramène cyniquement le toro au picador. Tendidos légèrement courroucés. La faena fait un peu pathétique. Ce toro présente certes une charge courte, s’arrête, présente des complications mais le vieux bretteur qui en aurait ri et serait monté sur ce toro il y a encore quelques années, doute et fait des efforts surhumains pour maintenir ses pieds qui meurent d’envie de rompre. Deux-tiers d’épée très laids, en travers et un silence d’enterrement.
 
 
Mais voici que s’avance Enrique. On frémit dans le secteur. Dieu merci, le sort lui a réservé un toro de même prestance mais avec plus d'allant que le précédent, un soupçon de graisse en plus, armures vers le haut.. Très élégantes véroniques mains basses, adaptées à la douceur de charge, d’un toro qui baisse la tête, se la plante dans le sol. Une pique ou, plus exactement, une poussée de cheval. PONCE sent bien ce toro et le dit à sa cuadrilla. Brindis au public ravi. Début alluré et peu contraignant pour l’animal à la charge très plaisante pour le torero. On débute à droite avec des redondos, un changement de mains qui émeut les gradins, un pecho long et enroulé. Autre série à droite délicate. A gauche, moins de vibration, le toro ne répétant pas. Mais quatre bonnes naturelles. Curieusement, le public réagit plus à des détails, des ornements qu’aux passes elles-mêmes. Un pinchazo et une demi-épée en arrière. Je m’attendais bien à une pétition mais voyant la persistance de celle-ci, je m’étonne. Et là, stupeur, je constate que l’arène a demandé, et obtenu deux oreilles ! Soyons objectifs : un quarteron de lucides protestera quelque peu ce laxisme.
 
 
Retour de RINCON pour son dernier toro ici. Sort un galopeur avec morillo proéminent qui tarde à charger puis se lèse la patte avant gauche. Mouchoir vert. Quatrième bis difficile à fixer au capote, puis court de charge. Il s’élance vers le cheval et tente de lui sauter au cou avant de prendre une pique dans un mauvais style. Deuxième rencontre devant un public surpris et mécontent : « Deux piques, c’est permis cela ? » Il est vrai que ce n’est guère fréquent, ici encore moins qu’ailleurs ? Dernier toro, dernier brindis. Dernier effort pour une faena plus longue que bonne à un manso avec un fond de noblesse mais qui ne méritait pas tant d’efforts. César a fait un véritable effort, méritoire et émouvant. Le premier avis tombe avant qu’il n’ait pris l’épée. Demi-épée, deuxième avis, un descabello. Applaudissements de nostalgie.
 
 
Le deuxième toro de l’espoir sort et on s’aperçoit tout-de-suite que Dieu est dacquois ce soir. Charge suave et toreo de cape en rapport. Une pique aussi courte que légère. PONCE est à deux mètres de son picador pour lui demander d’arrêter (boulot sympa d’être piquero dans cette cuadrilla…). Trois paires de palos vite et plutôt bien faits et le récital commence. Deux séries, d’une muleta experte, pour corriger les petits défauts et en avant pour un crescendo de séries à droite et à gauche alliant esthétisme, facilité, élégance et douceur. Oublions la noblesse confondante et une faena ambulatoire et retenons, plus que trois redondos inversés enchaînés faisant plutôt honte à la naïveté de l’animal, une série de naturelles de luxe données en déclenchant la charge en ouvrant la muleta tenue d’abord repliée. A mon avis le meilleur de sa prestation. L’hystérie est quasiment unanime dans les gradins. Attente inquiète quand il lève l’épée mais il se jette pour une entière engagée et légèrement tombée. Si le président avait été cohérent, après ses deux oreilles précédentes, la queue était évidente. Mais un fond de conscience, associée à une agonie longuette (deux avis et nous étions, le gag eut été gigantesque, très proche du troisième !) le retint. Vuelta de feu et pas assez de qualificatifs dans le vocabulaire.
 
 
Pas évident pour le triste fils TERUEL de rappeler qu’il s’agissait de son alternative. Comme le toro était distrait, personne ne s’en souvenait jusqu’aux deux vilaines piques. On rappela le VICTORIANO à ses devoirs et il se montra le meilleur du lot à la muleta, d’une docilité exemplaire. Malgré ce cadeau du ciel, le gamin, au charisme de croque-mort, ne suscita qu’un intérêt poli. Se rendant compte qu’il n’y aurait pas une ligne sur sa prestation, il se rue pour une estocade verticale en avant. Les trophées ne coûtant pas cher, on lui donna une oreille mais ce sont celles du torero qu’il conviendrait de tirer pour ne pas savoir profiter de tels cadeaux. 

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commentaires

B
C'est trop bien dit ...je ferme ma gueule.
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L
cher basta,ce que je retiens de ta reseña de "toros en salsa" c'est le précieux préambule qui va comme un gant à ce que je ressens depuis lurette. malheureusement la chose semble s'accentuer. attention ! ne laissons pas dire ce que nous ne tenons pas à cautionner , à savoir : les opinions, la subjectivité revendiquée, les tocades , les divergences et les complicités assumées,les tertulias de comptoirs et les enguelades homériques sont aussi des traditions à maintenir. ce qui est à dénoncer, et je te rejoins, c'est justement la presque impossibilité aujourd'hui d'immiscer un "pet" de dérision, de recul, de contre-pied, d'émotion incontrolée, de transgression , de regard en biais, de félûre, de fanfaronade, d'incongruité, de lyrisme , bref toutes ces scories qui sont "l'oeil contraire" de ces aficions granitiques et empesées, codifiées et hiérarchisées, sommant tout un chacun de choisir son camp au plus vite, surtout pour rabattre le caquet aux autres. et se compter. hors, à part avec le 3, la tauromachie est fâchée avec les chiffres.le goût immodéré de la terre brûlée et de la table rase sent la poudre , dans les commentaires écrits ou dits , ici ou là.l'authentique a un goût de nostalgisme sectaire,belliqueux et rance, le triomphalisme une odeur d'hystérie extatique, idolâtre et con comme la lune. les camps se durcissent, chacun mettant ,d'un côté sa rigueur intransigeante au service d'une émission d'opinions et de positions quasi-fascistoïdes , de l'autre son nombrilisme hyperbolique à la merci d'une massification du festif obligatoire non moins totalitaire. comment vont-ils jouer leur rôle initiatique et précieux auprès des futures générations s'ils nient en permanence l'indispensable relation d'altérité et sa complémentarité ?la fista brava meurt aussi à petit feu de ses renoncements à l'aficion de verdad, qui n'était que notre saint graal, intouchable et mythique et ,ô combien ,inestimable en cela. jamais la vérité ne devait être affirmée comme atteinte ou dévoilée.certains l'ont oublié, d'autres ne l'ont pas connu ou l'ont corrompu.alors on atteint les délires messianiques tomasistes de cette saison (alors que jose tomas a aussi très bien toréé cette année, mais le scandale d'avila, le josetomas tour pour nouveaux riches et happy-few, les paris sur ses corridas,et les oreilles coupées, les articles où de pseudos-intellos racontent qu'il veut mourir, non !).on tresse des lauriers au medio-toro collaborateur (dixit rivera ordoñez ou jesulin-tout à coup revenant immaculé d'une sagesse, d'une verguenza torera faisant oublier toutes les stupidités qu'il nous a faites avaler). on frissonne , comme tu le dis, au superficiel, au clinquant, à l'effroi programmé, à la débauche de passes, à l'orgie de redondos. on dirait ce chef-d'oeuvre qu'est "la grande bouffe" . n'oublions pas qu'ils crèvent, les jouisseurs à tout crin. et qu'ils souffrent.et bien entendu ,corrolaire de tout cela : ne surtout pas prendre son pied aux arènes, ne surtout pas se laiser submerger par l'émotion, ne surtout pas dire du bien de tel taureau de tel élevage, ne surtout pas laisser sa main agiter son mouchoir sans avoir consulté tous les mollahs de la plaza, ne surtout pas émettre l'idée qu'on ait pu se fourvoyer, se tromper, ne surtout pas se montrer mortel, donc croire aux sornettes d'un toreo immortel ,lui, prêt à ressusciter si on convertit les impurs et les infidèles au culte de règles gravées dans un marbre qui n'a jamais existé. ils se croient mystiques, ils sont à peine illuminés.et , encore, beaucoup ont peu de lumière à tout les étages et pourtant ils voudraient éclairer l'aficion de leur savoir antédiluvien.bref, j'ai mal à l'aficion. mais je me soigne. en lisant ce que je viens de lire. et d'autres. en laissant mon empathie reprendre le dessus en montant les marches rayées de soleil d'un tendido, une fois un dernier anis seco avalé, une fois un dernier puro allumé. les volutes me permettent d'ignorer les pédants et les braillards. mais quand tout sera consummé, je n'aurai peut-être que la cendre de mes illusions et de mes souvenirs à fouler. je descendrai pour toujours de ma grada d'aficion, je crois. sans regrets.ludo
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P
merci Bronco pour ce résumé dacquois mais une fois n'est pas coutume, j'ai l'impression que les oreilles ne tiennent pas en place sur les têtes des élevages présentés cette année dans la cité thermale.29 oreilles pour la féria dacquoise 2007 + celles de "Toros y Salsa", quelle chance tout de même pour les aficionados dacquois et, surtout, très bon cru 2007 dans la sous-préfecture (une réussite inespérée je crois).Ils vont, sans aucun doute, faire venir de nombreux autres aficionados l'année prochaine, peut-être en prendront-ils une partie à la préfecture (c'est le mercato tauromachique qui commence.....).Suerte señor Bronco et bonne temporada rugbystique
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