On a retrouvé Roquefort. Ou du moins partiellement. La novillada de COQUILLA de SANCHEZ ARJONA, sérieuse en gabarit, en allure, armée dans l’ensemble, a montré une agressivité compliquée. En bref, un retour à ce que l’on aime et que l’on vient chercher ici. A mon sens, il n’y avait pas grand-chose de plus à extraire de la moitié du lot. Mais quelle peine de voir combien deux des novilleros passèrent, ne sachant ou ne pouvant, à coté de trois novillos encastés.
Le premier novillo fut toréé de très loin, GOMEZ DEL PILAR mettant trois séries à se rendre compte que la charge, brusque et violente certes, était exigeante mais franche. La faena resta donc marginale et superficielle. Première déception.
Le troisième, brusque à l’entame, présentait une vraie noblesse sans imbécillité des deux cotés, avec même de la classe du coté gauche. Là encore, le torero ne fut pas à hauteur, forçant outrageusement les attitudes puis, trop confiant, ne respectant pas le novillo qui le rappela à l’ordre d’une voltereta sans gravité. Et pour conclure, le triomphe de la non-volonté de LOPEZ SIMON : deux pinchazos en se jetant dehors et une entière basse. Et voici une oreille dont on peut espérer que le gamin en mesure la valeur réelle.
Le quatrième montrait déjà une charge vive et encastée au capote. Il confirmera cet allant sur la corne droite lors de la faena, passant aussi, en étant un peu plus réservé à gauche. Toreo encore décentré des deux cotés, s’abstenant d’enchaîner sous peine d’être débordé. Sur la fin de la faena, séance pénible de porfia et de muleta en retrait. Un effort à l’épée. Le Président lui refuse l’oreille alors que la pétition valait bien celle qui lui fit sortir un mouchoir pour le combat précédent mais peu importe. Il n’est pas plaisant de voir les larmes de GOMEZ DEL PILAR durant sa vuelta mais la vérité est qu’une oreille n’aurait su cacher l’indigence de sa prestation.
Esau FERNANDEZ ne vit pour sa part qu’un novillo manso qui ne fixait pas sur la muleta, reculait sur les cites et envoyait des hachazos quand il daignait arriver jusqu’à mi-passe.
Son second était le plus souvent arrêté. Dans les rares charges, il défilait tête haute. Devant ce mauvais sort, le novillero expédia les affaires courantes plus mal que bien.
Le sixième, manso fuyard et distrait, se retournait vite sur le torero. On ne reprochera pas à LOPEZ SIMON de choisir de ne pas prolonger. Mais le bajonazo hideux en arrière suivi de la conclusion sans vergogne avec un descabello laisse augurer du sérieux du garçon.
On attend donc, depuis maintenant trop longtemps, un novillero susceptible d’enflammer le public et c’est un désespoir de constater l’état actuel de la novillada. Hormis DEL ALAMO, seule personnalité un peu tranchante, on ne voit défiler que des clones chez qui l’on distingue mal une véritable volonté de sortir du lot. Faenas insipides, technique limitée, engagement mesuré, voilà désormais le quotidien.
On peut s’interroger aussi sur la gestion de ces jeunes carrières, en lisant par exemple qu’il n’avait pas été possible pour Roquefort de trouver un accord avec l’apoderado de Thomas DUFAU. Voici donc un torero local, en tête de l’escalafon, qui va prendre l’alternative la saison prochaine qui ne sera pas passé par le révélateur de la Monumental des pins. C’est donc le choix de la facilité, que l’on a reproché par le passé à des novilleros-vedettes surfaits, qui a été pris.
On peut considérer qu’il s’agit d’une erreur, tant un succès du landais face à des adversaires de cette trempe, lui donnerait une toute autre crédibilité. L’avenir nous renseignera sur la pertinence de ces choix.
Vu de la barrera sol y sombra : 46 €