SAMEDI 26 MAI 2007. FERIA DE PENTECÔTE .VIC-FEZENSAC.
SAVOIR DOUTER…
J’ai toujours considéré avec beaucoup de circonspection les détenteurs de certitudes dans la vie en général, sur les tendidos en particulier. La corrida d’hier m’a encore appris que, plus on avance en aficion, moins on est certain d’avoir absolument tout compris et qu'il n'est pas honteux de douter, du moins est-ce mon cas.
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Faux « lleno »Temps désespérant de grisaille, pluie légère au paseo et durant la première partie de la corrida, vent gênant pour les toreros et réfrigérant pour les tendidos. 2h15 de spectacle. Vu de la file 1 du tendido soleil (façon de parler), 51 €.
6 toros de « BARCIAL » (Salamanque)
pour :
Denis LORE ( Silence et Sifflets)
RAFAELLILO ( Silence et Silence)
SANCHEZ VARA ( Oreille et Silence)
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Le lot de BARCIAL s’avéra conforme aux prévisions (ou aux craintes) tant en terme de présentation, superbes de gabarit et redoutables d’armures, arlequins noir et blanc comme on les connaît , que de comportement : réservés et défensifs si l’on est Vicois, mansos dècastés si l’on veut être sévère. Les deux derniers ne ressemblaient pas aux précédents : plus hauts sur pattes, d’un gris saltillo, leur comportement s’avéra différent : plus mobiles avec un fond de noblesse apparaissant puis disparaissant en cours de combat. Curieux comportement sur lequel nous reviendront.
Les deuxième et quatrième furent sifflés à l’arrastre , le cinquième fut applaudi.
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Denis LORE poursuit son chemin de croix avec l’aficion du sud-ouest. On pourrait considérer qu’il existe un fossé d’incompréhension par rapport à ce torero froid abonné à des corridas plutôt imbuvables. L’arène, bien élevée, le fit saluer à l’entame pour sa despedida, mais la suite des adieux fut aussi gaie que des condoléances. La faute en partie à deux toros franchement pénibles : un premier freinant dans la cape et faisant illusion à la pique. Le brindis à Marcel Garzelli n’engendra pas plus que ce que l’on pouvait imaginer : une faenita précautionneuse face à une charge réduite au minimum et agrémentée de coups de tête. Final sans peine ni gloire par un pinchazo et une entière.
Le quatrième sort plus faible que brave. Il confirme ses médiocres dispositions en contournant le cheval par l’avant et faisant chuter le (bon) picador et sa monture. Deuxième pique encaissée sans conviction. Début de faena laborieux face à la courte charge ne se répétant pas. Un éclair dans la première série à gauche ou le Barcial se laisse aller à trois voyages presque longs et nobles dans la muleta. Mais il se reprend bien vite et refuse toute autre collaboration.
LORE enterre ses dernières illusions d’un adieu émouvant : un pinchazo, une entière, deux descabellos et du grain à moudre pour les imbéciles vociférants.
J’avais un vague souvenir de RAFAELILLO, je me souviens à présent pourquoi tant ce torero est transparent ou du moins l’est quand j’ai l’occasion de le voir. Son premier adversaire refuse de passer à la cape, freinant avant la rencontre. Ce Barcial tente de se racheter mais ne trompe que les naïfs à la pique : première rencontre prise avec plus de violence que de bravoure, deuxième dont il sort seul. Aux banderilles, il se montre inconstant. Devant la muleta, le toro apparaît plus manso qu’inquiétant, s’échappant du leurre pour revenir vers les barrières mais notre torero exerce son art de si loin qu’il décourage public et toro. Le public mourra seulement d’ennui et le Barcial d’un pinchazo, d’un mete y saca et d’une entière contraire, soit plus péniblement.
Pas d’entame plus brillante à la cape face au cinquième pourtant plus allègre. Le toro est plus mobile mais pas plus brillant face au très maladroit picador. Le brindis au public laisse espérer de la décision chez le torero. Las, la méfiance l’emporte face à ce Barcial déconcertant. Le toro alterne en effet de très bons moments : charge longues en baissant la tête avec grande noblesse, voire classe, pour la charge d’après se montrer âpre, court et peu clair de charge , avec retours secs et corne menaçante. Final plutôt désastreux : demi-épée prudente suivie de six descabellos (deux avis) Quelle était la véritable nature de ce toro ? Quel était son vrai potentiel ? La gaucherie et la prudence de RAFAELILLO nous ont-elles privé d’une autre faena ? Contrairement aux maestros des tendidos, je m’interroge.
SANCHEZ VARA.Comme observé précédemment, le garçon ne fait pas grand-chose mais il le fait bien. Ou du moins, il donne cette impression au public. Le premier toro refuse la cape et envoie des hachazos inquiétants. L’impression de bagarre sert le torero. Trois paires de banderilles au pas de course (après un premier essai à coté du toro !) sans le moindre temps d’arrêt devant les cornes : applaudissements. Dans la muleta, le toro charge à mi-hauteur et avec une certaine violence, d’où un toreo très, très prudent. A gauche, la charge nous paraît plus claire et longue. Cela semble moins évident au torero aussi peu confiant et profilé à l’excès, qui finit dans le clinquant. Soyons juste, le coup d’épée aussi efficace que bien porté. Pour autant, l’ensemble de l’œuvre méritait-il l’oreille... ?
La longue charge du sixième ne permet pas au torero de briller à la cape. Une larga à genoux ne vaut rien par rapport à une véronique bien dessinée mais la deuxième est plus difficile à exécuter que la première. Le toro ne montre guère de classe à la pique, se collant parallèlement au cheval. Lors du tercio de palos, SANCHEZ VARA démontre qu’il n’est, décidément, qu’un médiocre banderillero. La faena tourne vite court. Un essai à gauche laisse entrevoir un potentiel de charge de ce coté. Il semble que le torero ne partage pas cette appréciation. On plie les gaules sans essayer à droite ni insister à gauche en indiquant, bras ballants à l’appui, qu’il serait vain d’insister : deux pinchazos et un tiers d’épée, le tout en se jetant dehors. Un descabello pour conclure l’entourloupe.
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La pluie continuelle du matin ne permettait guère d’illusions : la novillada du matin a été « suspendue », qualificatif d’une subtilité toute gersoise et qui ne permet pas de savoir, à l’heure où j’écris ces lignes si elle est annulée ou reportée au lundi matin…